Les 24 et 25 mai 1917, l’agence de presse ROL est venue aux Saintes Maries de la Mer pour réaliser un reportage sur le pèlerinage. L’agence Rol est une agence de reportage photographique créée en 1904 par le photographe Marcel Rol et disparue en 1937 en raison de sa fusion avec les agences Meurisse et Mondial Photo Presse.
Les photographies prises à l’occasion du pèlerinage de mai 1917 ont été numérisées par la Bibliothèque Nationale de France à partir de négatifs sur verre de 13 X 18 cm. Moyennant un petit travail de retouche, ces clichés sont d’une qualité assez remarquable. Nous les avons colorisés pour les rendre plus réalistes et, au final, plus « contemporains ».
Ces photos permettent notamment d’observer des détails de l’évènement tels que l’expression des visages, les attitudes et les bannières des pèlerins ainsi que leurs tenues vestimentaires.
Nous sommes en 1917 pendant la première guerre mondiale ce qui explique sans doute qu’il y a moins de monde que d’ordinaire. On observe également la présence de beaucoup de femmes et d’enfants car les hommes sont au front et l’on imagine qu’il ne doit pas être aisé de voyager pour se rendre aux Saintes Maries.
Au fil de la procession, à plus d’un siècle de distance, il est possible de reconnaitre des lieux du village même si certains ont beaucoup changé depuis cette époque.
Le chanoine Auguste Ribon a été curé des Saintes Maries entre 1902 et 1919. Il faut croire que même s’il croyait au ciel, le curé Ribon savait garder les pieds sur terre car en 1912 il lançait une vigoureuse alerte sur les risques de submersion marine et d’inondation dans le quotidien catholique « l’UNIVERS » du 21 janvier 1912.
L’Univers est un journal quotidien catholique français, fondé en 1833 par l’abbé Jacques-Paul Migne et disparu en 1919.
La première bannière est à l’effigie de la « Lyre Saintoise 1898 ». La bannière reprend la Barque des Saintes Maries avec la devise : « NAVIS IN PELAGO » qui signifie « la barque sur la mer ».
La Lyre Saintoise était un orchestre de type fanfare composé d’une vingtaine de musiciens. Outre cette photo, on en retrouve une trace à l’occasion du baptême de la nacelle des Saintes Maries décrit dans « Les annales du sauvetage maritime » de 1902.
On notera les termes employés par le rapporteur M. Franceschi qui déclare « la bénédiction de l’embarcation de sauvetage a été célébrée en grande pompe » avant de remercier « La Lyre Saintoise qui a bien voulu prêter son concours à titre gracieux pour cette magnifique fête » et de poursuivre « Après la cérémonie, on s’est rendu à l’hôtel de la Poste où un banquet de quarante couverts était organisé … ».
Depuis le début de la procession, le chanoine Auguste Ribon porte le bras reliquaire de l’église des Saintes Maries de la Mer avec lequel il accomplit le geste de bénédiction.
La foule des pèlerins revient de la procession. En arrière-plan on aperçoit la dune derrière laquelle se trouve la plage. On peut voir également quelques roulottes de bohémiens. Le photographe est en surplomb de la foule qui regarde dans sa direction. On remarque un enfant qui a réussi à se jucher sur la barque des Saintes Maries.