“Tant qu’auran lou riban lis Arlatenco saran li pus bello”
Frédéric Mistral
Une mode arlésienne.
Ce fut sous le règne de Louis XV que les arlésiennes commencèrent à manifester leur originalité vestimentaire. Ainsi, jusqu’au tout début du XXe siècle, les femmes d’Arles grâce à leur habileté à jouer avec les tissus, les formes, les couleurs et les matières vont inventer un style vestimentaire original tout en s’inspirant de la mode parisienne. Le costume de l’arlésienne, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est le fruit de plus de 150 années d’évolution et de transformation au gré des modes en usage dans la capitale.
Antoine RASPAL : l’Atelier de couture à Arles peint vers 1760. Musée Réattu d’Arles. Ce tableau représente des costumes que portent les couturières et les vêtements pendus au fond de leur atelier, fruit de leur travail. Fichus, robes, coiffes imprimés sont très bien détaillés et donnent une idée de la manière de se vêtir des femmes à Arles au milieu du XVIIIe siècle.
Un symbole de l’identité provençale.
En 1884, soit 30 ans après la création du félibrige, Frédéric Mistral publie un texte qui consacre le vêtement de type arlésien comme un fleuron de la culture provençale. En même temps, pour bien marquer le caractère régional et original du costume, il établit une liste précise des cantons dans lesquels il est ordinairement porté.
En 1903, soucieux de garantir la pérennité de l’habit d’arlésienne, Frédéric Mistral et Léo Lelée créèrent, à Arles, la Fèsto Vierginenco pour glorifier les jeunes filles qui portaient le costume d’arlésienne adulte pour la première fois. Si cette année là, seulement 18 jeunes filles se présentèrent, dès l’année suivante elles furent 350 à participer à la fête du costume qui s’installa au théâtre antique d’Arles.
Aujourd’hui, seul le village des Saintes Maries de la Mer organise la traditionnelle Fèsto Vierginenco, grâce au Marquis de Baroncelli qui en assura le succès et en fut l’organisateur jusqu’en 1939.
La fête du costume à Arles
Les trois costumes.
Jadis porté quotidiennement par les habitantes du Pays d’Arles, le costume de l’Arlésienne est devenu aujourd’hui un costume traditionnel porté uniquement à l’occasion des festivités. Bien qu’il soit figé dans son ultime forme depuis plus d’un siècle, le costume de l’Arlésienne, qui se décline trois types distincts, peut présenter des particularités locales auquelles chaque femme qui le revêt apporte une touche personnelle de manière à le rendre unique.
Le costume en cravate.
C’est la version la plus connue du costume de l’Arlésienne car elle fut popularisée par l’œuvre de Frédéric Mistral « Mirèio ». La coiffe se compose d’un bonnet blanc et d’une cravate en tissu de coton ou de percale bordé de dentelle, noué en «cornettes» sur le devant de la tête. L’éso est confectionnée en tissu noir, de forme sobre, décolleté en arrondi sur la poitrine et très échancré dans le dos. La jupe est ronde ou en forme et peut être froncée à plis couchés ou plis canon. L’Arlésienne en cravate porte obligatoirement un tablier sur le devant de la jupe.
La chapelle se compose généralement d’un fichu en percale blanche brodée parfois imprimé de petits motifs.
Le costume en ruban.
La coiffe se compose d’un dessus en en tulle ou mousseline brodée ou en dentelle et du ruban « lou velout » dont la couleur est assortie au costume ou bleu marine. L’éso est de couleur noire ou taillé dans la même étoffe que la jupe dont la forme peut varier ; plate sur le devant avec des plis sur l’arrière, ronde à lès ou à panneaux avec traîne pour le costume de gala.
La chapelle est en mousseline ou en dentelle blanche ou écrue avec un fichu qui peut être du même tissu que la jupe, en tulle ou en mousseline brodés. Pour la tenue de gala, la pèlerine de dentelle noire remplace le fichu.
Le costume gansé.
C’est le costume de grande cérémonie ou celui de la mariée. Il s’apparente au costume en ruban avec quelques variantes. La jupe en forme comprend une traîne. Les tissus sont toujours des tissus précieux comme la soie. L’eso est obligatoirement assortie à la jupe et les manches sont ornées de dentelles.
La chapelle est semblable à celle de l’Arlésienne en ruban mais le fichu de dessus est remplacé par une pèlerine. Dans le costume de la mariée porté avec les ganses, la pèlerine est de couleur claire.
Depuis 1930, la Reine d’Arles est intronisée en costume de gansé blanc.
bibliographie :
Michèle Gil : l’Arlésienne et la mode parisienne, ed Equinoxe
Histoire des REINES D’ARLES, ed Equinoxe
Les arlésiennes ont inspiré les peintres.
L’Arlésienne, figure emblématique de la Provence depuis le XVIIe siècle, a toujours inspiré les peintres. Antoine Raspal, Vincent Van Gogh, Paul Gauguin, Adolphe Monticelli ou Pablo Picasso, entre autres, l’ont immortalisée, séduits par son allure, son élégance, sa coiffe, la forme et les couleurs de son costume.